Avant Apres Apres

 

1984

Juillet

Noël Rousset

 

 

 

 

De 1976 à 1986, Noël Rousset, mécanicien et plongeur démineur de réserve se passionne pour le Pourquoi-pas ?.

Pendant dix années de passionnantes recherches, il accumule plans et archives, il échange avec d'autres passionnées, il rencontre des anciens du Pourquoi-pas ? et recueille notamment  les témoignages de Paul-Émile Victor et de Michel Pérez, derniers passagers du navire.

Trois séjours dans l’Antarctique (7 mois avec la Calypso en 1973-1974, 3 mois en 1976-1977 et plus de 5 mois en 1978-1979 avec les Expéditions Polaires Françaises) avaient fait de lui un passionné de Charcot.

 

 

 

 

Maquettiste-naval de surcroît, Noël Rousset réalise une superbe maquette du célèbre navire polaire qui lui demandera 3 500 heures. Pour son modèle réduit du Pourquoi-pas ?, il façonne toutes les pièces à la main, caps de mouton et hélice compris. La maquette terminée, il ne lui manque plus que de plonger sur l'épave du Pourquoi-pas ? pour achever sa connaissance du navire. L'occasion se présente pour lui en 1984.

 

Maquette du Pourquoi-pas ? de Noël Rousset

 

Jean-Yves Blot

Achevant de lire Le grand départ, écrit par Henri Queffelec, et fasciné par des photos d'Islande, Jean-Yves Blot, historien en archéologie sous-marine de 33 ans, d’origine sarthoise et spécialisé dans les épaves du XVIIe et XVIIIe siècle, décide de réaliser un film co-produit par Antenne 2 sur Charcot. Sponsorisé par le Crédit Agricole, il monte une expédition pour explorer l’épave du Pourquoi-pas ?.

Les documents de l'époque précisent que le Pourquoi-pas ? a heurté un récif appelé Hnokki avant de disparaître. Lors de son voyage de préparation réalisé avec l’appui du parrain de l’expédition, Georges de Caunes, Jean-Yves Blot rencontrent des pêcheurs islandais qui lui affirment connaître le site exacte où repose l'épave. Des marins islandais ajoutent même que les chaînes des ancres du navire sont encore visibles sur le récif, à marée basse. Il n'y a donc qu'à débarquer sur Hnokki pour explorer l’épave.

L'équipe de l’expédition est composée d'une quinzaine de bénévoles Français, Canadiens, Suisse, Portugais et Islandais. Le projet prévoit le tournage de scènes de reconstitution incluant des prises de vues sous-marines, l’enregistrement des témoignages des acteurs de l’époque. Tout ceci après une navigation de 1 300 miles jusqu'au lieu du naufrage en Islande, au cours de laquellle une escale à Rockall, énigmatique rocher où Charcot réalisa une mission géologique d'importance en 1921, est prévue pour installer une plaque commémorative offerte par le Yacht CLub de France .

 

Dimanche 10 juin 1986, Jean-Yves Blot et son équipage : le Suisse Rémy Bongard (skipper et plongeur), le Canadien Sylvain Beauséjour (alpiniste et responsable du script du film), les Portugais Viriato Coelbo (caméraman terrestre) et Paulo de Oliveira (caméraman sous-marin), les Sarthois Alain Lehoux (radio-modéliste) et  Gérard Bahuchet (photographe), quittent Saint-Malo à bord du Galathée, un bateau à moteur de 14 mètres grée en ketch. Les autres membres les rejoindront plus tard par leurs propres moyens. 

 

Magn˙s Gubjarnarson

En Islande, l’équipe se rend à Straumfjorður pour y rencontrer Magnús Guðbjarnarson. Né en 1938, Magnús Guðbjartsson est paysan aux cheveux bouclés, qui, jusqu'en 1980, a vécu à la ferme que son père, Gujðarni Helgason, a acheté en 1939. Désormais, il n’y va que l’été, dans sa barque, pour ramasser le duvet des nids d’eiders dans les îlots gris qui se dressent en bordure de la côte.

La visite de repérage du site de plongée dans les parages de la zone de naufrage fait déchanter les membres de l’expédition. Le petit bateau des Islandais qui emmène l’équipe se heurte à plusieurs reprises les roches du fond. L'eau est sale, le temps maussade. Des récifs apparaissent un peu partout alentour. Les indications recueillies s'avèrent imprécises et personne ne semble pouvoir dire lequel de ces récifs est Hnokki. Les guides islandais sont perdus, désorientés.

 

 

La carte de détail islandaise n'en dit guère plus. En plus d'un endroit, la carte est blanche. Interrogés sur ces zones, les pêcheurs locaux leur déconseillent de s'y rendre. Qu’importe, les membres de l’expédition se doivent de retourner sur les lieux.

La fois suivante, Magnús Guðbjarnarson accompagne cette fois l’équipe à bord du Galathée. Le vent du nord souffle fort, chasse les nuages et soulève un clapot brutal qui fait danser le bateau. Malgré son mal de mer, le fermier de Straumfjorður trouve dans ces conditions la force de se lever et tendant le doigt, il  indique une roche rase, longue : Hnokki le récif meurtrier sur lequel le Pourquoi-pas ? a éventré sa coque. Le récif est entouré de phoques qui dressent leurs grosses têtes curieuses en direction des embarcations. Mais sur Hnokki le récif, on ne voit pas d'ancre, pas de chaînes. Le fermier et les guides islandais sont les premiers surpris.

Accompagnés des plongeurs d'Akranes, Kristinn Einarsson et Baldur Gíslason, les plongeurs du Galathée font le tour du récif.  Sous l’eau, des algues à forte tige ondulent avec la houle et cachent le fond. Pour chercher l’épave, il faut nager au ras de la roche et du sable, entre ces troncs raides où s’agrippent de tous leurs bras, des araignées de mer à robe grise et le long desquels les crustacés grimpent à pas lent. La lumière filtre en faisceaux obliques à travers le tapis végétal de cette forêt qui gène la progression. Près du rocher, le fond est tapissé de moules. Par endroit, un amas blanchâtre de coquilles brisées signe le passage d’un phoque. Ils ne voient rien que ces algues géantes, ces araignées de mer et ces phoques très curieux qui pointent leurs grosses têtes lisses au dessus de l’eau en bordure des brisants. C’est la déception, il n’y a d’épave ni de trace des chaines d'ancres.

L'épave, soi-disant localisée à Hnokki et facile à trouver, est à redécouvrir !

 

Équipe de l'expédition

 

Non prévu au programme initial mais fort de son expérience — Localisation en 1979 de l’épave du Saint-Gérant, naufragée le 18 Août en 1744 à l’île Maurice, qui  inspiré à Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre l'histoire de « Paul et Virginie » ; et localisation en 1981 de l’épave de La Méduse, naufragée le 2 juillet 1816 au large de la Mauritanie,  dont le drame est immortalisé par Théodore Géricault dans son  tableau « Le Radeau de La Méduse » — Jean-Yves Blot doit tout reprendre par le début pour localiser l’épave du Pourquoi-pas ? le long de la côte l’Islande.

 

Il a la chance de retrouver encore vivant, un des compagnons de plongée d’Andri Heiðerg qui lui livre un souvenir crucial. Il se rappelle qu’au cours d’une plongée effectuée en 1961 par grand beau temps sur le Pourquoi-pas ?, on voyait le mont Keilir par une faille du récif Hnokki. Les conditions météo actuelles ne permettant pas d'avoir les 55 kilomètres de visibité jusqu'à la péninsule de Reykjanes, Jean-Yves Blot doit se contenter de tracer une ligne droite allant de Keillir à Hnokki et de calculer sa direction au compas, dans une zone à forte perturbation magnétique, pour organiser la campagne de recherche de l’épave.

Chaque matin, il faut 2 heures de navigation pour atteindre le site du naufrage depuis le port d’Akranes.

 

Port d'Akranes

 

La dernière partie du trajet, non hydrographiée, est indiquée par des hachures. Au dire des pêcheurs locaux, tout ce qui était à l’ouest de Hnokki est mal pavé, A force de zigzags prudents, Rémy Bongard, le skipper, reconnaît un passage en prenant ses repères au radar sur les têtes de roche qui émergent. Il est désormais possible de mouiller dans la zone du naufrage, par moins de 15 mètres d’eau.  

La prospection sous-marine est menée par les plongeurs dans une forêt de laminaires avec des troncs de la taille d'un poignet d'enfant qui rendent la prospection très lente. À  200 mères du récif Hnokki tout d’abord, ils ne trouvent rien. Rien encore à 400 mètres. Rien toujours à 600 mètres.

 

 

Jeudi 12 juillet l’équipe est victime d’un accident. Lors du gonflage des bouteilles de plongées à terre, le filetage d'une robinetterie se rompt.

Cet accident, généralement mortel, ne fait heureusement qu’un blessé qui se trouvait à proximité du compresseur au moment de l’explosion.

Hors course pour la recherche de l’épave, Sylvain Beauséjour, qui avait gravit Rockall quelques semaines plus tôt pour y fixer la plaque commémorative, a une triple fracture au bras droit.

L’après-midi même, tandis que les infirmières de l’hôpital d’Akranes plâtrent son bras, le reste de l’équipe reprend la mer et poursuit ses recherches, en vain.

Le soir, avant de s’endormir après une nouvelle journée de plongée infructueuse, Kristinn Einarsson, charpentier de marine qui s’était juré de retrouver l’épave, tente d’imaginer tout un discours avec de belles phrases en anglais, au cas où il aurait la chance de découvrir l'épave le premier.

 

 

 

Kristinn Einarsson

Vendredi 13 juillet, le programme accumule le retard de 3 jours pleins de recherches sans succès. Jean-Yves Blot décide alors de  faire un bond de 300 mètres d'un coup dans la zone de prospection.

La bouée est mouillée à 900 mètres du récif où Magnús Guðbjarnarson avait cru que l’équipe verrait d’emblée les chaînes.  

Les deux plongeurs de la première palanquée, Kristinn Heinarsson et Rémy Bongard, se mettent à l'eau à 50 mètre de l'intervalle et entament aussitôt, compas à la main, leur parcours en direction du Sud.

Sous le ciel gris, dans le clapot sec du Faxafloi, Jean-Yves Blot suit leurs bulles à la surface.

Soudain quelques minutes à peine après avoir disparu sous-l’eau agité, Kristinn Einarsson crève la surface en hurlant. L’Islandais, d'habitude si réservé, a perdu toute retenue.

 

RÈmy Bongard

 

 

Dans un anglais difficile à saisir à cause de l’embout de son détendeur et du poids de son équipement qui le force à rester enfoncé dans l’eau, Kristinn Einarsson hurle de joie, un immense sourire aux lèvres et il crie seulement au canot d’appui : "COME ! Come !".

Il a vu une longue tige de cuivre et une poutre de bois !

Quelques secondes après, Rémy Bongard remonte à la surface et confirme la découverte.

Tous deux ont vu également de gros caps de mouton, pièces de construction traditionnelle qui sert à tendre le haubanage des anciens voiliers.

Jean-Yves Blot s’immerge à son tour par 12 mètres de profondeur.

Un gros treuil, puis un autre avec les volants de bronze posés sur le sable, sont les premières marques identifiables du site.

 

 

 

Arrivé en Islande par avion dans l’après midi, Noël Rousset (plongeur et expert du Pourquoi-pas ? ) arrive rejoint une partie l'équipe : Jacques Lambert (Responsable technique et plongeur), son épouse Maryvonne (assistante) et sa fille Anne ; Christian Blot (coordination, et relations publiques), son épouse Mireille (assistante) et Sylvain Beauséjour (alpiniste et chargé du script du film), logée dans le collège d’Akranes.

En soirée, tous se rendent au port d’Akranes pour attendre le Galathée de retour de plongée. Jean-Yves Blot (réalisateur et plongeur) et son épouse Maria-Luisa Pinheiro Blot (spécialiste en archéologie sous-marine, et chargée du story-board), Rémy Bongard (skipper et plongeur), Paulo de Oliveira (caméraman sous-marin), Gérard Bahuchet (photographe), Viriato Coelbo (caméraman terrestre) ramènent notamment une bride de l'épave et annoncent qu’ils ont repérés pleins d’objets sur le site, désormais balisé par une bouée.

 

Bride

Les jours suivant sont vécus au pas de course, imposé par le programme de tournage rédigé pour la télévision et par la prospection de l’épave menée en parallèle.

 

Film

 

 

Pour suivre le rythme du programme et le calendrier, l’équipe est à plusieurs reprises scindée en deux ; les uns explorant l’épave tandis que les autres mènent à bien le tournage cinématographique.

Cette organisation permet la fouille de la partie arrière de l’épave tandis que le reste de l’équipe se rend à plusieurs centaines de kilomètres pour plonger dans le Sud-Est de l’île, parmi les blocs de glaces géants au pied du Vatnajökull, la plus grande calotte glaciaire d'Islande avec sa surface de 8 400 km2.

 

 

 

Au cours de leurs plongées, l’équipe découvre à 10 mètres de pronfondeur, un fond plat et caillouteux jonché d’un surprenant bric à brac de débris de cuivre, de bronze et de fer corrodé entre les laminaires sombres et robustes comme des arbustes. Ces algues gênent toute tentative d’exploration systématique. Pour tenter de dégagement de la zone d’exploration, les troncs sont coupés à la scie égoïne. L’épave est éparpillée sur plusieurs dizaines de mètres dans cette forêt de laminaires. Les chaines et ancres de mouillage sont repérées et balisées.

Deux plaques de métal (n°21 et n°22) distantes d’environ 2,5 mètres reposent au fond. Sur tribord, un grosse tige cylindrique massive de fer. Un col de bouteille de laboratoire en verre blanc avec son bouchon de verre, des flacons brisés signalent l’emplacement de laboratoires, là où il n’y a plus que du sable et du gravier parmi lesquels apparaissent une serrure, des accessoires du mobilier du bord, toute une quincaillerie de bronze, l'encadrement de bois d'une fenêtre dont on devine un coin et quelques fragments de verre posés sur le fond encore emboités dans le cadre de bois.

En nageant entre les algues pour suivre un cap au compas, la lueur blanchâtre qui vient de la surface paraît s’obscurcir. En levant les yeux, un énorme rocher abrupt domine le fond à cet endroit. Son sommet est couronné d’algues. Vu de plus près le mastodonte est un gigantesque cylindre de métal de forme régulière, de plusieurs mètres de diamètre et de longueur, qui  parait envahir le fond de la mer et remonter jusqu'à la surface. C'est la chaudière. Le fond tout autour est jonché de débris de tuyauteries de bronze, de cuivre, de tiges de fer. A bâbord de la chaudière (B), une grosse pompe et autres pompes bronze sont regroupées. Sur tribord de la chaudière (E), des rouleaux de fil métallique et sous un amas de barre de lest en fer pointent les extrémités de grosses membrures de bois sectionnées.

 

Épave 1984

 

Une fois passée la chaudière, la densité des débris sur le fond diminue, quelques algues ont pris pied sur une plaque de tôle épaisse. Puis, à nouveau, les débris couvrent le paysage sous-marin. On reconnait un jeu de batteries, des bouteilles de verre, de gros plomb de sonde. Dans l’eau trouble, des isolants de porcelaine émettent un halo de lumière blanche. Soudain une nouvelle silhouette se dresse au-dessus du fond, irrégulière cette fois constituée d’un amoncellement de poutres de bois et de grosses masses de fer enchevêtrées de plusieurs mètres de haut, un amas de cuivre et de métaux divers, témoignage l’ancienne chambre des machines.

Tout au bout de cet amas, un fragment de quille conduit à un massif de bois, le massif d'étambot, traversé par l'arbre d'hélice qui dans ce chaos ressemble à une poutre parfaitement rectiligne. A côté (F) , une longue pièce de bois massive. Au bout de l’arbre, une hélice bipale de 2,80 mètres de diamètre, terminée par un cône bombé est couchée sur le fond à plat. A tribord de l’hélice se trouve un enchevêtrement de bois. A quelque dizaines de mètres de l’hélice après un tube de cuivre aplati rouge de 2 à 3 mètres se trouve un treuil.

 

 

Chronophage et faisant consommer beaucoup d’air et d’énergie aux plongeurs pour évacuer les  troncs des algues géantes à plusieurs centaines de mètres, le défrichage sous-marin est abandonnée, mettant fin à toute possibilité d’avoir une vue d'ensemble du site.

Désormais, l’équipe campe désormais à Straumfjorður. Les plongeurs embarquent sur un bateau pneumatique depuis le rivage près de la ferme, baptisé pour l’occasion « Port Gonidec » par Noël Rousset. Le trajet vers le site de plongée ne nécessite plus qu’1/4 d’heure.

 

Campement à Straumfjorður

 

La météo n’est pas toujours clémente donnat des creux de 1,5 mètres et chaque plongée est arrachée à la mer d'Islande, dont l'eau est de plus en plus trouble avec la fonte des glaciers offre une visibilité rarrement supérieur à 1 à 2 mètres.

 

Noël Rousset

Des bouteilles, certaines intactes. Certaines sont bretonnes et consignées en toutes lettres sur le culot.

 

indicateur de barre

Une bouteille de vin, à demi enterrée dans les sédiments et couronnée à son sommet par une petite algue, porte sur son flan le sceau d'une brasserie. Elle contient encore vin jusqu’au bouchon.

 

Noël Rousset trouve et reconnait au premier coup d’œil la plaque de bronze du sondeur conçu dans les années 1920 par le capitaine au long cours Warluzel, sur laquelle on lit « Sondeur Warluzel - Henri Lepautre -  Paris ».

 

 

Objets remontés de l'épave

Pour les plongeurs, le témoignage le plus émouvant qu'il remonte à la surface est l'indicateur de l'angle de barre, recouverts de concrétions il est figé dans sa dernière position.

 

 

 

 

Dimanche 29 juillet, tandis que se déroule la dernière plongée sur le Pourquoi-pas ? de l'éxpédition, Jean-Yves Blot, Viraoto Coalho et Gérard Bahuchet survolent les parages du naufrage à très basse altitude pour les besoin du film et les images de l’expédition, à bord de l’avion piloté par le renommé Omar Ragnarsson.

 

Lundi 30 juillet, deux responsables du Musée National de Reykjavík viennent prendre les objets remontés de l’épave pour être exposé au musée de la capitale auquel ils appartiennent désormais.

À titre symbolique, les autorités autorisent la remise de quelques objets au Musée national de la Marine à Paris.

 

 

Le film de 43 minutes Mourir en Islande, qu'a tourné Jean-Yves Blot et son équipe, est une sorte d'enquête sur la disparition du célèbre explorateur Jean-Baptiste Charcot du Pourquoi-pas ? qui sombra le 16 septembre 1936, sur la côte Ouest de l'Islande.

En retrouvant l'épave, interrogeant les témoins islandais ou français ayant connnu Jean-Baptiste Charcot ou vu son navire, en questionnant ceux qui participèrent aux recherches des noyés, Jean-Yves Blot a essayé de reconstituer et faire revivre ce tragique évènement. En même temps, il dévoile certains aspects de la personnalité de Jean-Baptiste Charcot et quelques-unes des raisons qui ont fait de lui un illustre marin.

Ce docu-fiction, diffusé le 2 novembre 1985 sur Antenne 2 dans l'émission Les carnets de l'aventure, montre des séquences sous-marines de la reconstitution la re-découverte de l'épave en 1961 et des plongées effectuées en 1984, ainsi que des images des vestiges du Pourquoi-pas ?.

 

Les carnets de l'aventures : Mourir en Islande - 2 novembre 1985
Réalisation Jean-Yves Blot ©
Antenne 2 / Jean-Yves Blot

 

Août - Septembre 1984

Svanur Steinarsson, neveu de Magnús Guðbjarnarson et grand connaisseur du Pourquoi-pas ?, fait sa première plongée sur l'épave le 25 août 1984. Au fil des années, il devient le gardien de l'épave et plongera huit fois sur Pourquoi-pas ?

En septembre 1984, à la demande de Jean-Yves Blot, Kristinn Einarsson et son ami Svanur Steinarsson, ainsi qu'un autre plongeur de Reykjavik effectuent une plongée qui confirme que l'hélice bipale de l'épave est bien en fer, comme celle qui équipait le Pourquoi-pas ?.

Des conditions idéales un jour de septembre 1984, permettent à Svanur Steinarsson et son ami Kristinn Einarsson d'avoir un eau clair et calme avec entre 15 à 20 mètres de visibilité en profondeur. Au cours de cette plongée, Kristinn Einarsson découvre un petit compas d'embarcation qui est exposé au musée d'Akranes.

Svanur Steinarsson et Kristin Einarsson

 

article

 

1986

Kristinn Einarsson qui a retrouvé l'épave, plonge une vingtaine de fois sur le Pourquoi-pas ? avec notamment des plongeurs de Reykjavik.

En 1986, la presse islandaise publie quelque uns de ses cliqués sous-marins réalisés par Kristinn Einarsson avec Hildigunn Iversen.

 

 

1988

En 1988, Noël Rousset retourne en Islande et retrouve son ami Svanur Steinarsson qui l'emmène avec deux autres plongeurs pour explorer l'épave du Pourquoi-pas ?.

Noël Rousset en 1988

 

 

2001

Passionné de longue date par tout ce qui touche aux expéditions polaires, le photographe suisse Emmanuel Gavillet part le 5 août 2001 pour un périple photographique de quatre mois en Scandinavie, avec la ferme intention de pouvoir plonger en Islande sur le Pourquoi pas ?.

À Kopavogur dans la banlieu de Reykjavík, Emmanuel Gavillet retrouve Árni Kópsson, rencontré sur internet et avec qui, il a échangé notamment sur la possibilité de plonger sur le Pourquoi-pas ?.

Plongeur professionnel, Árni Kópsson lui parle un peu du Pourquoi-pas ? sur lequel il a plongé une fois. Selon lui, il ne reste très probablement que l’ancre et les machines.

Bien qu'il ait évoquer l'éventualité d' emmener Emmanuel Gavillet plonger sur l'épave si son emploi du temps lui permet et s'il trouve un bateau. Cette rencontre n'aura pas de suite.

 

Emmanuel Gavillet

 

Le 31 août, Emmanuel Gavillet est apostrophé à Borgarnes par un Islandais à propos de l'autocollant « pourquoi-pas.ch » qui figure sur sa voiture. Il vient de rencontrer Svanur Steinarsson , et lui expose son projet photographique.

Svanur Steinarsson, gérant d'un laboratoire photographique, ne plonge plus depuis un an. Séduit par la demarche d'Emmanuel Gavillet, il va l'emmener plonger sur l'épave du Pourquoi-pas ?.

Accompagné du plongeur et neveu de Svanur, Tomas Knutsson, rencontré au cours de son périple, Emmanuel Gavillet doit s'y reprendre à trois fois pour réussir des photos de l'épave en raison d'une météo défavorable.

Le 18 septembre, la visibilité est de 50 cm et à 8 mètres c'est l'obscurité totale.

tomas

La deuxième plongée du 27 septembre se fait dans une eau avec une visibilité de 5 à 6 mètres.

Emmanuel Gavillet se dirige vers l'épave et découvre la chaudière et une partie du moteur. Il suit une pièce de bois qu'il identifie comme le fond du Pourquoi-pas ? et arrive sur la partie arrière et sur l'hélice.

 

 

Le 7 octobre, avec la même visibilité que la semaine précédente, Emmanuel Gavillet effectue une nouvelle plongée. À travers la forêt de laminaires, il suit les chaînes qui jonchent le fond et trouve une première ancre cassée au milieu puis, 50 mètre plus loin, la seconde ancre colonisée par la faune et la flore.

 

Pour découvrir le journal de bord d'Emmanuel Gavillet : http://www.pourquoi-pas.ch/dispatchsite.html

 

 

 

2006 à 2012

Jérôme Konen

 

En 2006, le photographe luxembourgeois Jérôme Konen, réalise également une série de photos de l'épave du Pourquoi pas ?.

La première plongée en juillet se fait dans des conditions difficiles. La visibilité de l'eau, fortement dépendante des conditions météos, ne permettait même pas à Jérôme Konen et à Pascale Wallers de voir leurs mains devant leur masque.

Les deux plongées du 6 août, une visibilité de 2-3 mètres permet cette fois à Jérôme Konen et à Paul Kieffer de distinguer le moteur, l'hélice et l'énorme chaudière du Pourquoi pas ?.

 

 

 

En 2006 et 2007, le National Geographic plonge sur le Pourquoi-pas ? avec l'équipe islandaise de ixplorer.

 

Magnus

 

Plusieurs autres plongeurs islandais explorent l'épave du Pourquoi-pas ? dont plusieurs plongeurs des gardes-côtes, ainsi que Magnús Magnus A. Sigurðsson, Ragnar et deux autres membres du Cultural Heritage Agency of Iceland.

 

 

 

 

 

Pálmi Dungal

 

Björn Emilsson de la télévision islandaise a essayé de réaliser des images de l'épave. Avec lui, il y a les plongeurs bord, Pálmi Dungal, Stefán et Wilhjálmur avecc un "sous-marin".

Après la venue des plongeurs, beaucoup d'autres sont venus plonger sur l'épave.

 

Jónas K. Þorvaldsson

 

 

 

En novembre 2009, Jónas K. Þorvaldsson, plongeur des garde-côtes islandais, réalise un croquis de l'épave du Pourquoi-pas ?.

 

 

 

 

 

Schéma 2009

 

 

Dans un article du 13 mars 2010, Ásgeir Einarsson relate sa passion de la plongée. Scaphandrier professionnel depuis 30 ans et plongeur de l'équipe de sauvetage d'Akranes, Ásgeir Einarsson et ses fils, Gísla, Martei et Guðbjart, fait de la recherche d'épaves dans la région de Mýrar. Ensemble, ils ont plongédeux foissur l'épave du Pourquoi pas ?.

 

Famille Einarsson

 

2013

En 2012 René Tamarelle monte une expédition pour plonger sur Pourquoi-pas ?. En juillet 2013, les Corsaires d'Ango ont exploré, de cartographié, de photographié et filmé l'épave du Pourquoi-pas ?.

L'équipe des corsaires d'Ango

 

À l'immersion, les conditions sont similaires à celles rencontrées en Manche. D'une temprérature de 8°C, la luminosité est assez bonne et la visibilité oscille entre 3 et 5 mètres.

Le fond, entre 13 mètres et 14 mètres de profondeur est formé de roches plutôt arrondies et de galets sur lesquels sont fixées des laminaires géantes dont présence est beaucoup moins importante que lors de l'expédition de jean-Yves Blot.

La faune est constitué d'oursins, de concombres de mer, d'araignées de mer, de grosses moules. Il n'y pas de poisson, si ce n’est un lompe rouge vif, croisé lors d'une plongée.

 

Expédition 2013 : Inventaire de l'épave du Pourquoi-pas ? par les Corsaires d'Ango sur
Dessin de Michel Torché, images sous-marines de Jacques Lelay, montage de Sylvain Le Cann
©Tous droits réservés

 

Sur l’épave aucun élément de la coque en bois, de la mâture, des superstructures ne subsiste. Des éléments en bois, il subsiste quelques caps de mouton, poulies et un reste de plancher. La quille a disparu, les membrures ou la clouterie en cuivre observés en 1984 ne sont plus visibles. Aucune trace du gouvernail n’a été observée.

Il ne reste principalement que des pièces en métal. Les vestiges, quant à eux, sont demeurés à l’emplacement qu’ils occupaient au moment du naufrage. Ils se présentent de la poupe vers la proue avec la succession des éléments suivant : l'hélice avec des bossoirs de chaque côté - l'arbre d’hélice - la machine - la chaudière - la zone de vie - le treuil.

 

Hélice

L’hélice avec ses deux pales caractérisitques est partiellement reposé sur le fond, enfoncée partiellement dans les galets. Elle ne présente aucune trace de choc ni de déformation sur l'ogive ou la pale visible. L’hélice est toujours reliée à la machine par son arbre .

Au niveau de la ligne d'arbre et de la machine, se trouvent les bossoirs tribord d'une des embarcations de 7 mètres. Bien conservés, certains possèdent encore leur poulie terminale. Coincés dans la roche, ils ne sont plus fixés à quelques vestiges de coque totalements disparus.

 

La ligne d'arbre n’est pas déformée. Elle traverse un tube d’étambot de 30 à 40 cm de diamètre, long de 210 cm, mis à nu par la disparition complète du bois de la poupe. Une protection métallique de 20 cm d’épaisseur, visible à toucher l’hélice, devait recouvrir l’arrière de l’étambot. Le presse-étoupe entoure toujours l’arbre d’hélice. L'arbre d’hélice de rechange, est posé à bâbord.

Un cabestan en bon état, désolidarisé de tout élément du bâtiment, qui repose librement sur le sédiment rocailleux.

 

machine

 

La machine, un moteur coumpound, est excellent état de conservation.

Sur le haut, les deux capots de cylindre de tailles différentes, et sur le côté les embiellages, les excentriques, le vilebrequin et ses deux manivelles, des manomètres.

L’ensemble, fortement incliné sur bâbord, laisse apparaitre le dessous du socle, avec ses forts boulons de fixation et leurs écrous, mais sans aucune trace de bois.

 

 

 

Au pied de la machine, particulièrement son avant tribord, de nombreux tuyaux tordus jonchent le fond. On trouve un amas de tubes de cuivre de différents diamètres, de vannes, de brides détachées. Aucun tube n’est assez long pour relier la machine à la chaudière, et un espace relativement vide s’étend en avant de la machine.

Inclinaison moteur-chaudière

La chaudière, parfaitement visible ainsi que tous ses éléments, est cylindrique, aussi large que longue, surmontée d’un collecteur de vapeur, lui aussi cylindrique, vertical. Elle est inclinée sur tribord.

Légèrement enfoncée de l’avant dans les galets, la chaudière ne montre aucune déformation. Les orifices des tubes de fumée sont bien visibles sur la paroi arrière, ainsi que l’ouverture du foyer. Les tuyauteries sont rares, aucune ne demeure en connexion avec le corps de la chaudière. L’enceinte de la chaufferie a disparu, ainsi que le collecteur de fumée et la cheminée. Deux tubes de cuivre très dégradés se dirigent vers l’avant de l’épave.

 

Chaudière

 

Après de la chaudière, se reconnait nettement la zone de vie de l'état major. De nombreux artéfacts divers jonchent le fond. Concressionnés entre eux et solidement accrochés au fond rocheux, on peut distinguer :

 

Poignée de porte
  • deux hublots, dont l'un sans tape de protection,
  • des batteries,
  • des briques réfractaires,
  • des bouteilles de bière,
  • des rouleaux de câbles électriques,
  • deux robinets en cuivre ,
  • quatre bouteilles de verre sombre, intactes,
  • un bouton de porte en porcelaine,
  • des vannes,
  • un cadran de mesure,
  • des tubes en cuivre et tubes de fer,
  • ...

 

Point d'intérogation ?

 

 

À quelques mètres à tribord cette zone on découvre l'hélice de secours parfaitement visible, dont le moyeu et l'une des pales dons enfoncés entre les galets.

 

Treuil

 

 

 

 

 

La partie avant du site est nettement plus étalée, les vestiges plus dispersés. De l'ancre de secours, on ne voit qu’une seule patte et son oreille, disposées à plat sur le fond, et une partie de la verge.

 

Ancre

 

On retouve le guindeau placé à l'avant du navire. Pièce massive, il est renversé, rendant ses fications visibles, avec ses fixations visibles est renversé.

La distance mesurée de l'arrière de la chaudière à l'avant du guideau est de 27 mètres.

Partant, franchement sur tribord, les chaînes de mouillage qui s'étirent jusqu'aux ancres des ancres largués peu avant le naufrage.

Parfois parallèles, parfois divergeantes pour se réunir quelques mètres plus loin, elles traversent les forêts de laminaires, escaladent les amas rocheux ou disparaissent sous quelques talus de galets, toujours tendues jusqu’à leurs ancres respectives nettement éloignées de l’épave.

L’ancre la plus proche est à 64 mètres du guindeau. Une de ses pelles est brisée.

Plus éloignée, à 160 mètres du guindeau, une seconde ancre jas à plat. Intacte, elle est planté sur l’une de ses pelles sur le fond rocheuxavec la verge alignée sur sa chaîne.

 

 

 

 

Le plan général des vestiges est dessiné par Michel Torché à partir des séquences sous-marines de Pascal Cannessant et des images de Jacques Le Lay qui a filmé l’ensemble de l’épave, des relevés de Jean-Pierre Joncheray et de Gérard Bonin, corrigés par René Tamarelle.

 

Michel Torché Épave

2015

Jacques Lelay Nicolas Job

Jacques Lelay, cameraman sous marin, et Nicolas Job, photographe sous-marin, ont eu, en septembre 2015, l’occasion de se rendre en Islande sur l’épave du Pourquoi-pas ? pour réaliser un documentaire pour la boite de production MC4 à l’occasion des 80 ans de son naufrage.

Dans la chronique maritime du 1er février de La Radio De La Mer sur OUIFM, Nicolas Job revient sur l’importance de ce navire et à quel point il est encore présent dans les esprits 80 ans après le drame.

 

son

 

L'ancre du pourquoi-pas ? en 2015

 

 

 

 

Avant Apres Apres

 

 

Avant Apres