Avant Apres Apres

Les plongeurs du Pourquoi-pas ?

 

1936

Jeudi 24 septembre

À 6h00, le remorqueur Magni quitte le port de Reykjavík à destination de Straumfjörður sur la zone de naufrage. À son bord, deux officiers français de l'Audacieux et Eugène Gonidec. Ils accompagnent Þórður Stefánsson, scaphandrier pied-lourd de Reykjavíkn, et son assistant.

Par un temps favorable, une mer calme et plate, ils arrivent à 10 heures sur le lieu du naufrage du Pourquoi-pas ? au-dessus duquel flotte encore un morceau de voile coincé par le fond.

Þórður Stefánsson s'immerge pendant deux heures pour inspecter l'épaves. Le courant est fort, la visibilité d'abord mauvaise s'améliore en arrivant au fond.

Pendant deux heures, il va explorer l'épave.

Sur le fond rocheux, le scaphandrier découvre un navire en quatre parties, brisé dans la longueur. D'abord, il est va sur le pont de la partie arrière cassé jusquà la motié du navire. À côté il voit des restes du poste de commande.

Des débris de la coque sont éparpillés partout. La proue est brisée couché sur babord, les chaines posées dessus qui sétirent au loin.

À l'extérieur de ce qui reste du navire, il découvre la chaudière poséesur le fond dans le prolongement de l’arbre d’hélice et de la chambre du moteur.

Le pourquoi-pas ? n'est plus n'est plus qu'un champ de ruines parmi les quelques ils trouvent et remonte quelques objets : le canon en bronze offert par Turpin, un projetteur, un compas, un altimètre, un soudeur, et d'autres objets.

Aucun corps n'est retrouvé trouvé dans l'épave.

 

Schéma 1936

 

 

1961

16 juin 1961

Sigurður L. Magnússon

Depuis l'année du naufrage, aucun plongeur sous-marin ne s’était aventuré dans la zone. Il fallu des plongeurs islandais s’intéressa à cette épave, pour que le drame du Pourquoi-pas ? ressurgisse dans l’actualité.

En effet, Sigurður L. Magnússon, entretreneur dans les engins de terrassement et plongeur amateur et Andri Heiðberg, scaphandrier professionnel, décident de rechercher le Pourquoi-pas ? pour en tirer le cuivre

Dans leur entreprise ils sont aidés de Kristján Þórólfsson de Straumfjörður et de Gísli Þorkelsson de Vogalæk pour localiser le navire. Mais personne n'est vraiment sûr de l'emplacement précis de l'épave .

Pendant plusieurs mois, ils cherchent l'épave. Le bateau en remorque, ils plongent parfois pendant une heure chacun. Mais leurs 20 à 30 heures de plongées ne donnent aucun résultat.

Le 16 juin 1961, Sigurður L. Magnússon et Andri Heiðberg, à bord du Ran, un ancien bateau citerne de l'armée, sont accompagnés par Eysteinn Sveinbjörnsson,  Steinar Guðmundsson et Gísli Oddsson.

 

Andri Heiðberg

 

 

 

 

 

Andri Heiðberg revêt une nouvel fois son scaphandre de caoutchouc et s'immerge pour une septième tentative pour retrouver l'épave, perdant peu à peu l'espoir de trouver du Pourquoi-pas ?.

Soudain, par 15 mètres de profondeur, il se trouve devant une masse d'environ 4 mètres de hauteur, couverte d’algues. Il pense tout d'abord qu'il s'agit d'un rocher.

Son coeur batt plus fort car c'est en fait une chaudière presque aussi grande que celle d’un chalutier qui se dresse devant lui.

La chaudière, le moteur et l'hélice sont alignés mais au milieu il y a un lest d’à peu près 200 tonnes de fer. Le morceau prélevé affichera une poids 45 kilos.

Il aperçoit une carcasse de navire.

La coque qui se dresse devant ses yeux est coupée en deux, mais les deux parties sont en bon état.

Certaines membrures sont toujours en place.

La quille et son support sont dans un état de conservation remarquable.

Andri Heiðberg suit les chaines des encres qu'il estime à 150-200 brasses.

 

 

 

Plus tard, coincée dans la roche, Andri Heiðberg trouve la cloche du navire. Une cloche de cuivre, brisée en plusieurs morceaux, lui révéla qu'il a réussi à retrouver l'épave du pourquoi-pas ?.

Sur les débris reconstitués, on peut lire presque distinctement « PAS » et « 190 »

 

La cloche du Pourquoi-pas ?

 

Une équipe de la télévision française dirigée par Jacques Sallebert se trouve en Islande pour préparer un reportage lorsqu’elle apprend la nouvelle de la découverte l’épave du Pourquoi-pas ?.

 

 

Équipe de la R.T.F.

Ayant décidé de tourner une séquence sous-marine de l’épave pour son émission « Cinq Colonnes à la Une » consacrée à l’Islande, la Radio Télévision Française (R.T.F) demande le concours de la Marine nationale pour envoyer des plongeurs afin de filmer et de photographier l’épave.

Ordre de mission

 

Le vendredi 23 juin 1961, le pharmacien-chimiste en chef René Perrimond-Troucher, l’un des plus éminents spécialistes français de la plongée, et le quartier-maître Jean Pellissier, matelot d’équipage, deux plongeurs  toulonnais  du G.E.R.S.  (Groupe d’Études et de  Recherches Sous-marine ») sont désignés pour cette mission.

 

 

Les plongeurs islandais ont l’intention de travailler sur l’épave pour en sortir le cuivre mais ils n’ont pas continué leurs plongées préférant attendre l’arrivée de l’équipe française.

 

 

 

 

 

La nouvelle de la découverte de l'épave du Pourquoi-pas ? entraîne une protestation qui vient du fond du Finistère.

« On n’a rien retrouvé du tout pour la bonne raison que qu'on ne l'avait jamais perdu. Moi j'ai toujours su où était l'épave, mais à quoi bon ! Je suis trop vieux maintenant pour vouloir encore aller à Paris rétablir la vérité à la télévision ! ».

Celui qui parle ainsi est le maître-timonier Eugène Gonidec, l'unique rescapé du naufrage qui avait accompagné le scaphandrier Islandais en 1936.

 

 


 

Mardi 27 juin1961

Les plongeurs militaires français, arrivés la veille au soir en Islande, appareillent à  9h50 avec Andri Heiðberg et Sigurður L. Magnùsson. Sur le bateau de ce dernier, l’équipe de cameramen de la R.T.F., composée de trois techniciens chargés des prises de vues en surface, les accompagne. Le lieu du naufrage est à environ 24 milles nautiques du port de Reykjavík, soit environ 2 heures 2/4, au cours desquelles Heiðberg leur parle du Pourquoi-pas ?.

La vedette approche de la zone parsemée d’écueils et de haut fonds d’aspect peu engageant. A 11h30, se distingue la double ligne de récifs sur laquelle s’est brisé le Pourquoi-pas ?.  Aujourd’hui  bien que le temps ne soit pas très beau, la mer est calme et l’endroit paraît inoffensif. La position de l'épave correspond parfaitement aux indications de la carte joint au rapport de naufrage du 13 novembre 1936.

Bien qu’ils connaissent parfaitement les lieux, les plongeurs islandais ont placé quelques jours plus tôt, une bouée de marquage en matière plastique de couleur orange pour baliser le site. Sans hésitation, Sigurður Magnùsson amarre le bateau sur la bouée.   En surface, des phoques observent ce qui se passe.

Andri Heiðberg déjà prêt (équipé d’un appareil américain de plongée autonome à l’air bi-bouteilles Scott, d’un vêtement étanche d’origine norvégienne avec cagoule Dräeger et d’un masque facial complet) saute à l’eau et plonge. Très vite, il refait surface, confirmant que  l’épave est bien là.

 

Mise à l'eau de Andri Heiðberg

Jean Pellissier vérifie la caméra et  René Perrimond-Troucher s’équipe : sous-vêtements de laine-coton, vêtement néoprène mousse comme calorifuge, vêtement Siebe-Gormam pour l’étanchéité, appareil de plongée autonome à mélange azote-oxygène bi-bouteilles de 3 litres à 150 kg/cm2 de type DC 55, prototype de brassière gonflable fabriqué par Fenzy (future PA 61).

 

René Perrimond-Troucher et Jean Pellissier 

Les deux plongeurs toulonnais s’immergent et constatent que l’eau est verdâtre. En regardant surface, à un mètre du bateau, ils distinguent plus la coque de la vedette islandaise. À la trace de ses bulles, ils suivent Heiðberg qui a déjà replongé, et descendent le long de l’élingue de la bouée. La visibilité est d’environ 1 à 2 mètres. 

 

GERS

À 10 mètres Jean Pellissier bute sur quelque chose ... c’est Andri Heiðberg qui leur fait signe de le suivre.

Arrivé au fond à 15 mètres, même si la visibilité est meilleure dans une couche de 1 à 2 mètres de haut environ, elle ne dépasse pas 4 à 2 mètres.

L’eau est chargée de méduses, plancton,  particules en suspension et il fait très sombre.

Avec une moyenne de 1 nœud, il y a peu de courant mais les mouvements d’une houle de fond balancent les plongeurs de droite à gauche, au milieu de grandes algues en ruban.

Les Français reconnaissent successivement des débris de la coque en bois constitués d’un amas de bois cassé d’où sortent d’énormes clous et des rivets d’assemblage en cuivre, des poutres en fer.

Jean Pellissier distingue un vague morceau de ferraille, qu’il identifie comme un reste de chaudière.

Tandis qu’ils évoluent doucement, en se surveillant du coin de l’œil car à deux mètres ils ne se voient plus Andri Heiðberg surgit soudain du néant et brandit une bouteille de vin. Les plongeurs poursuivent leur exploration à tâtons. 

Dans une eau à 5°C, leurs mains s’engourdissent progressivement. Sur le fond, ils trouvent  des tuyauteries en cuivres et des objets divers coincés dans les rochers.

 

Remontée de Jena Pellissier et de Andri Heiberg

Le jeudi 29 juin 1961 et le mercredi 28 juin 1961 , les mauvaises conditions atmosphériques interdisent l’appareillage. Bien qu’avertis de l’état de l’épave et des conditions de visibilité le responsable de la R.T.F. insiste auprès des plongeurs pour obtenir des images sous-marines.

Vendredi 30 juin à 9h00, l’équipe appareille.  Le temps est correct au départ, mais se gâte pendant le trajet.  Sur zone, l’eau est trouble et agitée en surface. A 12h00, René Perrimond-Troucher Perrimond et Jean Pellissier s’immergent. Au fond, l’eau est plus  claire avec une visibilité de l’ordre de 3 à 4 mètres, le courant est léger et les mouvements de la houle de fond sont toujours très sensibles.

 

 

Au cours de la plongée, René Perrimond-Troucher pointe du doigt une forme curieuse. Les plongeurs s’approchent et reconnaissent l’hélice. Plus loin, à plat sur le fond, ils distinguent le gouvernail, la machine, l’arbre, des débris de coque, des tuyautages en cuivre et deux lignes de mouillage. Main sur main, Ils remontent une de deux chaînes de mouillage. Au bout, ils trouvent une l’ancre dont une patte est brisée. Ils entreprennent de remonter la seconde  chaîne. Les Français interrompent leur plongée sans remonter complètement deuxième ligne de mouillage pour voir l’état de l’ancre car  Heiðberg a disparu.

 

Jean Pellissier

 

En surface à 12h40, ils constatent que le vent s’est levé et avec lui un clapotis désagréable. Le courant les éloigne de la vedette de Sigurður Magnùsson.  

Trop lourd avec le poids de la caméra,  Jean Pellissier gonfle sa bouée et les plongeurs français regagnent le bord en cinq minutes.

Soudain, ils entendent une voix qui les hèle. Plus loin, à 200 mètre, un bras s’agite. C’est Andri Heiðberg. Précipitamment Sigurður Magnùsson met le canot du bord à l’eau et va le récupérer.

Quand il revient,  le plongeur islandais explique, qu’en panne d’air, il avait dû larguer sa ceinture de lest et qu’il avait fait une remontée rapide en surface.

 

 

 

Les plongeurs de GERS font le bilan de l’opération : René Perrimond-Troucher a pris un rouleau de photos et Jean Pellissier a fait une bobine de film 16 mm. En raison de la turbidité et l’eau et de la faible visibilité, ils n’insistent pas et se résignent à abandonner l’exploration du l’épave du Pourquoi-pas ?.

 

Fin de plongée

 

À l'occasion du reportage de la RTF sur l'Islande, les reporters de Jacques Sallebert, informés de la découverte du Pourquoi-pas ? par André Heiðberg et Sigurður L. Magnússon, présentent les images de l'expédition menés par les plongeurs du Groupe d'Etudes et de Recherche Sous-marine (GERS), René Perrimond-Trouchet, pharmacien-chimiste en chef et le quartier-maître Jean Pelissier dépêchés en Islande pour filmer et photographier l'épave pour l'émission de Cinq Colonnes à la Une consacrée à l'Islande.

 

Extrait de Cinq colonnes à la une : Les derniers Vikings - 7 juillet 1961
Office national de radiodiffusion télévision française ©INA
ina.fr

 

1963

En mai 1963, Sigurður Magnússon et Viggó Pálsson, entrepreneurs dans les machines de terrassssmeent, se lancent dans le ferraillages des épaves des eaux islandaises et remettent en état pendant plusieurs mois le Vísund, un vieux bateau de pêche construit en 1875. Ils ont l'intention de récupérer le ballaste du Pourquoi-pas ?, épave cassée et abandonnée, au moyen d'un électro-aimant pour soulever les plusieurs tonnes de fer.

 

Ballaste

 

1972 - 1981

Jean-Louis Crozet, entraîné dans le sillage du Pourquoi-pas ?   par son ami Alain-Marie Gautier – petit fils de François Gautier et décorateur à la R.T.F – depuis leur rencontre à la télévision en 1962, a photographié et filmé le navire sous tous les angles .... en maquette.

En 1972, Jean-Louis Crozet se rend sur les lieux du naufrage, en Islande. Des plongeurs Islandais viennent  visiter l'épave qui ne semble pas protégée.  Sur place, il rencontre un plongeur, contacté depuis Paris qui l'emmène dans sa Land Rover à une ferme située entre Akranes et Borgarnes où vit Kristjàn Þórólfsson.

Avec le 4x4 de leur guide islandais, Jean-Louis Crozet avec son fils Frédérick, son ami P. Moratille et Kristjàn Þórólfsson, se rend le plus près possible du lieu du naufrage où, le sauveteur d'Eugène Gonidec leur montre celui qu'il rend coupable du naufrage du Pourquoi-pas ?, le récif Hnokki.

 

Expédition Crozet
De retour à Paris, suite de ce premier contact et avec les encouragements de son ami Alain-Marie Gautier, Jean-Louis Crozet commence à envisager la possibilité de plonger sur le Pourquoi-pas ?. Il monte alors un projet d'expédition pour savoir ce qu'est devenue l'épave en pour inventoriant et photographiant les vestiges du navire.

 

Jean-Louis Crozet

 

Son projet reçoit les encouragements de l'Ambassade d'Islande, du Secrétariat d'État à la jeunesse et aux Sports, du Musée de la Marine et l'aide matérielle du Comité d'entreprise de l'ORTF et de son club le GARIS.

Mais faute de soutien financier, Jean-Louis Crozet est contraint d'abandonner son projet d'expédition.

En 1981, le projet est relancé. Avec deux petites équipes, il prévoit d'emmèner tout le matériel de plongée du club, bateau pneumatique et compresseur compris, une caméra sous-marine et un film 16 mm octroyés par la Société Française de Production (SFP).

Le rendez-vous pour le départ est donné au port d'Hanstholm pour embarquer sur un ferry de la compagnie Smyril Line.

En Allemagne, la pompe d'injection de la camionnette, qui transporte le plus gros du matériel, tombe en panne. L'équipe est dans l'impossibilité de rejoindre le nord du nord du Danemark.

 

 

Jean-Louis Crozet, seul avec sa fille de 13 ans, arrive à Seyðisfjörður, dans l'Est de l'Islande, le bateau pneumatique en remorque de la voiture. À terre, la douane islandaise lui impose de se rendre à Reykjavik, au Sud-Ouest de l'île pour que son l'embarcation soit "désinfectée" avant toute mise à l'eau.

 

Sur le bord de la piste

Au bout des 100 premiers kilomètres de piste, les pneus renforcés de la remorque éclatent et une jante cède. Laissant le bateau en bordure de piste, Jean-Louis et Patricia Crozet roulent sur 1 400 kilomètres, aller-retour, de pistes plus ou moins bonnes, pour acheter deux pneus et une jante à Reykjavik.

Poursuivi par la malchance, Jean-Louis Crozet décide de laisser la remorque aux douanes de Seyðisfjörður et de repartir vers l'Ouest pour faire du tourisme et faire découvrir l'Islande à sa fille.

De cette épopée, Jean-Louis Crozet n'en retire aucune amertume, seulement la joie de découvrir un pays extraordinaire où il est retourné plusieurs fois.

 

 

 

 

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