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Les origines

Famille Charcot

Simon-Pierre Charcot

Le 10 juillet 1824, Simon-Pierre Charcot, né à Bar-sur-Aube en Champagne le 5 mai 1798, épouse Jeanne-Georgette Saussier, née le 16 décembre 1808 à Paris.

Le 29 novembre 1825, Jean-Martin Charcot naît dans la maison familiale. Baptisé le 1er décembre de la même année à Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, il aura trois frères : Eugène-Martin né le 25 décembre 1826, Pierre-Martin né le 20 avril 1828 et Émile-Martin né le 25 juillet 1830. Encore bien jeunes, les enfants perdront leur mère, Jeanne-Georgette Charcot, qui meurt à l'âge de 30 ans, le 18 mars 1939.

La famille Charcot vit avec Jean-Antoine Saussier (père de Jeanne-Georgette et beau-père de Simon-Pierre Charcot) dans un quartier de la petite bourgeoisie de l'époque, au 1 rue Faubourg-Poissonnière, dans une maison sans faste mais de bonne tenue.

Dans la partie élégante du quartier du IIème arrondissement (ancien 9e arrondissement à l'époque) de Paris en pleine expansion, le carrossier Jean-Antoine Saussier et son gendre Simon-Pierre Charcot, sellier de formation, fondent l'établissement de sellerie et carrosserie « Saussier & Charcot » situé au 27 rue Bleue, propriété de Jean-Martin Cathrein, le grand-oncle de Jeanne-Georgette.

 

Annonce publicitaire de la maison Saussier-Charcot

 

Par le labeur consciencieux de Simon-Pierre Charcot et de son beau-père, la Maison « Saussier & Charcot » est prospère. Des croquis de voitures légères, hautes sur roues, avec d'ingénieux motifs d'art décoratif et relevées de couleurs vives ornent la vitrine de l'entreprise familiale fréquentée par une clientèle des plus huppées.

En 1827, la Maison « Saussier & Charcot » ajoute à son activité des ateliers de serrurerie et de charronnage qu'elle installe dans le centre actif et élégant au 1 rue Faubourg-Poissonnière. En 1837, le changement de raison sociale en « Charcot & Saussier » commence à apparaître, et tandis que les activités de sellerie et de carrosserie demeurent au 27 rue Bleue, les ateliers de serrurerie et de charronnage sont quant à eux, déménagés au 24 rue Buffault. L'immeuble du 1 rue du Faubourg Poissonnière sera détruit en 1845 et le nouveau bâtiment qui le remplace hébergera longtemps le siège du journal Le Matin.

En 1844, la Maison de sellerie-carrosserie « Charcot & Saussier », au 27 rue Bleu, devient un magasin de voitures. En 1851, alors que le magasin de voitures reste au 27 rue Bleue, le siège des ateliers de serrurerie et de charronnage est déménagé du 24 rue Buffault au 21 rue Neuve-des-Mathurins, qui devient également l'adresse du nouveau domicile de Simon-Pierre Charcot. En 1854, la Maison « Charcot & Saussier » n'a plus qu'une seule adresse, au 21 Neuve-des-Mathurins, pour la fabrication de voitures.

 

Mylord conçu par Émile-Martin Charcot

En 1861, le troisième fils de Simon-Pierre Charcot, Pierre-Martin Charcot qui demeure lui aussi au 21 Neuve-des-Mathurin avec sa femme Antoinette Blondé, épousée le 16 octobre 1858, prend la succession de son père à 33 ans. En 1862, la prospérité de l'entreprise, devenue la Maison « Martin Charcot », lui permet de la déménager dans le très huppé quartier ouest de Paris, au 81 avenue de Saint-Cloud (ancienne avenue d'Eylau qui deviendra l'avenue Victor Hugo en 1881 après la mort de l'écrivain) près de l'Arc de Triomphe. Lors de l'exposition universelle de 1878, Pierre-Martin Charcot présente un nouveau système de montage de suspensions et son modèle de voiture « Mylord » avec son astucieux siège strapontin. Pierre-Martin Charcot décèdera au début du mois de décembre 1906.

 

Alors que Jean-Martin a embrassé une carrière médicale, Eugène-Martin et Émile-Martin s'engagent tous les deux dans une une carrière militaire :

  • Eugène-Martin, le frère cadet, s’engage d'abord dans la Marine mais rescapé d'un terrible naufrage, il optera finalement pour l’armée dans les Spahis sénégalais. Parvenu au grade de maréchal des logis-chef, il meure le 8 juillet 1869 pendant une mission au Sénégal, lors d'une charge de la colonne expéditionnaire de Cayor dont il faisait partie.
  • Émile-Martin, le benjamin de la famille Charcot, fait carrière dans l'infanterie de ligne. Après son service militaire en 1850, il s'engage comme soldat dans le 50e régiment en 1852. Combattant des campagnes d'Afrique et d'Italie, il est promu adjudant, le 18 mars 1861. Sous-lieutenant dans le 36e régiment d'infanterie de ligne, il obtient la médaille militaire le 14 août 1864. Lieutenant pendant la guerre de 1870, Émile-Martin Charcot est promu capitaine en 1873 et est fait Chevalier de la Légion d'honneur le 21 avril 1874. Chef de bataillon en 1885, il prend sa retraite militaire en octobre 1892. Le commandant Émile-Martin Charcot devient Inspecteur du matériel de la Ville de Paris. Il décède le 16 juillet 1899 à Poissy où il avait pris sa retraite.

 

 

Jean-Martin Charcot jeune

Jean-Martin Charcot

Jean-Martin Charcot débute ses études primaires au 5 rue Richer, à la pension Sabatier de bonne réputation. Il poursuit le cycle secondaire au lycée Saint-Louis en qualité d’interne. C'est un élève attentif et studieux, doué d'une mémoire exceptionnelle. En plus de ses prédispositions pour le dessin, Jean-Martin Charcot aime la lecture et se passionne pour les langues vivantes. Il apprend l'anglais, l'allemand, mais aussi l'italien et l'espagnol. Quant aux vacances, Jean-Martin les passe à Saint-Germain-en-Laye dans la belle maison de campagne de son arrière-grand-oncle maternel et parrain, Jean-Martin Cathrein.

Jean-Martin Charcot  est reçu bachelier ès lettres, le 31 août 1843. En fin d'année, il s'inscrit en médecine. À la fin de sa première année, il obtient également son baccalauréat ès sciences qu'il avait préparé en parallèle de ses études de médecine. En 1846, après deux années préparatoires, Jean-Martin Charcot est  reçu au concours d’externat. Après deux tentatives, il est reçu, le 18 décembre 1848, 5éme au concours de l’internat des hôpitaux de Paris qu'il effectuera de 1849 à 1853.

Le 16 mars 1853, il soutient sa thèse de doctorat qui lui vaut en plus du prix « Montyon », d'être lauréat de la faculté de médecine et l'obtention de la mention la plus haute : « extrêmement satisfaisant ».

 

Thèse de Jean-Martin Charcot

Après son internat en 1853, le docteur Jean-Martin Charcot ouvre son cabinet au 21 quai de l'Horloge et se lance dans l’exercice privé de la médecine.

Grâce son mentor, le Professeur Rayer, le jeune Dr Jean-Martin Charcot est mis en relation avec la famille de banquiers Fould.

Il accompagne Benoît Fould, banquier et frère du ministre d’État de Napoléon III, comme médecin personnel dans un voyage dans le Sud de la France et l'Italie.

À leur retour de voyage, le jeune docteur reçoit une belle indemnité et l'assurance d'une amitié fidèle. Dès lors, Jean-Martin Charcot restera le médecin de la famille Fould, et tous les ans, le 1er janvier, il recevra un cadeau et une somme de 1 200 francs d'honoraires.

Benoît Fould, personnage fortuné et influent multiplie les recommandations à son sujet. La clientèle mondaine amorcée, Jean-Martin Charcot s’installe dans un appartement au 6 cité Trévise, non loin du domicile de la famille Fould.

 

Photo dédicacée de  de Jean-Martin Charcot

 

 

De 1853 à 1855, Jean-Martin Charcot est nommé chef de clinique à la Faculté de médecine de Paris chez le Professeur Pierre Adolphe Piorry.

Jean-Martin Charcot ne ménage pas ses efforts car en même temps que son clinicat, il reçoit en consultation une clientèle privée huppée, de plus en plus nombreuse, et prépare ses concours tout en fréquentant le service du Professeur Rayer à la Charité.

Après sa nomination en tant que Médecin du Bureau central des hôpitaux de 1856 à 1861, Jean-Martin Charcot prend à 37 ans, les fonctions de chef de service à l’hospice de la Vieillesse-Femmes 13 novembre 1861.

Travailleur acharné doté d'une immense culture, ses travaux portent sur la pathologie et la clinique du système nerveux, puis sur la neuropathologie qui lui permettra d'obtenir la chaire d’anatomie pathologique le 28 novembre 1872.

Jean-Martin Charcot déploie tout son talent d’organisateur, d’enseignant et d’observateur pour réussir à transformer ce qu'était le vieil et obscur hospice de la Vieillesse-Femmes en ce qui deviendra, en l’espace de quelques années, un centre de soins, de recherches et d’enseignement moderne de neuropathologie, réputé et influent dans le monde entier.

Après 20 ans de recherche et d'enseignement Jean-Martin Charcot obtient la consécration officielle de ses travaux avec la création, expressément pour lui, de la première chaire au monde de clinique des maladies du système nerveux, le 2 janvier 1882.

Cette nouvelle chaire de neurologie lui ouvre, ainsi qu'à la Salpêtrière, une nouvelle période de célébrité, particulièrement à l’étranger.

 

 

Nymphe jouant avec un Amour de Corot

Amateur d'art, les goûts artistiques de Jean-Martin Charcot sont plutôt portés sur les peintres flamands et hollandais. Fin connaisseur, critique érudit et avisé, il manie lui-même le crayon et le pinceau et met son tempérament d'artiste, dont il est naturellement doué, au service de la médecine et s'adonne également à cet exercice avec plaisir, notamment au cours de ses voyages pendant lesquels il remplit des carnets de croquis.

Jean-Martin Charcot porte un regard critique et sévère à l'égard de la peinture des symbolistes ou des impressionnistes et trouve même excessif les éloges adressés à Corot. C'est d'ailleurs sans regret qu'il profitera d'une occasion de se dessaisir du tableau Une nymphe jouant avec un Amour de Corot, qu'il avait reçu de son arrière-grand-oncle maternel et parrain, Jean-Martin Cathrein, qui lui même l'avait acquise de l'artiste.

album de crocquis et de notes d'Eugène Delacroix

Jean-Martin Charcot n'est pourtant pas insensible au charme de la couleur et appréciera vivement le cadeau que lui fera son ami Philippe Burty : un album de croquis et de notes d'Eugène Delacroix dans lequel le peintre inscrivit, du 26 janvier au 21 mars 1832, tout ce qui le frappait durant son voyage au Maroc, en Algérie et en Espagne.

 

« Napoléon de la névrose », « Empereur de la Salpêtrière », Jean-Martin Charcot devient la figure mythique de la neurologie de la fin du XIXe siècle. Admiré, adulé, mais aussi jalousé et dénigré, sa réputation et sa notoriété sont encore accentuées auprès du grand public par l’énorme retentissement de ses « Leçons » sur l’hystérie et l'hypnose, même si elles sont violemment critiquées.

 

Tableau de Brouillet

 

Hôtel au bord du lac de Settons

Le 16 août 1893, lors de son séjour dans le Morvan, le Professeur Jean-Martin Charcot meurt à l'âge de 68 ans, emporté par un œdème pulmonaire aigu.

Rapatrié à Paris, son corps est exposé sous le dôme de l’église Saint-Louis de la Salpêtrière, veillé par ses élèves et un personnel soignant sous le choc. Le lendemain, tous les patients de l'hôpital défilent devant sa dépouille.

Trois jours plus tard, des obsèques grandioses ont lieu devant une assemblée comprenant les grands noms de la médecine française, des représentants des académies et des sociétés savantes, des délégations étrangères et de nombreuses personnalités du monde politique et littéraire. Conformément à la volonté de Jean-Martin Charcot, il n'y a aucun discours.

 

 

La presse rend compte de la cérémonie et Jean-Martin Charcot a droit aux honneurs militaires, avant de partir pour le cimetière Montmartre où il est inhumé dans le caveau familial des Laurent-Richard.

 

Obsèques de Jean-Martin Charcot

 

Du Professeur Jean-Martin Charcot, il reste aujourd'hui une œuvre neurologique incontestée qui porte la marque de son génie et une œuvre seconde, discutée, contestée, mais où l'on reconnaît maintenant la hardiesse d'un esprit novateur.

 

 

Statue

Entrée de la Salpêtrière

 

Famille Laurent

Vincent-Claude Laurent (le 22 février 1886)

Né en 1811, Vincent-Claude Laurent est un tailleur parisien de renom. Marié le 6 juin 1833 à Charlotte-Augustine Victoire Richard, il est associé à son beau-père, Jean-Baptiste Richard dans la Maison « Laurent-Richard ». L'affaire est installée au coin du 2 rue Laffitte et du 18 du boulevard des Italiens, boulevard de rendez-vous des élégantes et élégants Parisiens. Prospère, la luxueuse et importante boutique de confection pour homme de la Maison « Laurent-Richard » fournit le roi Louis-Philippe.

 

Boulevard des Italiens

 

Le 18 février 1840, son épouse Charlotte-Augustine meurt à l'âge de 23 ans et laisse veuf Vincent-Claude Laurent (plus connu sous le nom de M. Laurent-Richard) avec trois jeunes enfants : Victoire-Augustine Charlotte née le 28 avril 1834, Charles né en 1836 et Marie-Amélie née en 1837.

Eau de Botot Manteau de la maison Laurent-Richard

 

 

Le 8 février 1863, au prix de 365 000 francs, M. Laurent-Richard devient le propriétaire de la Maison « Botot », devenant ainsi fabricant de la célèbre « Eau de Botot ».

Inventée en 1755 par Edmé François Julien Botot, chirurgien-dentiste et médecin personnel du roi Louis XV, cette eau dentififrice qui porte son nom remporte un grand succès dès cette époque. L'« Eau de Botot » a en plus la chance unique, dans ce genre de produit, d'être approuvé par la Faculté de médecine le 1er octobre 1777 et par la Société Royale de Médecine le 16 mai 1793.

 

Figure du tout-Paris, M. Laurent-Richard est également un amateur et un collectionneur d'art réputé, qui pour les artistes est un véritable mécène. Connu pour sa persistante à s'entourer de belles choses et la place importante qu'il occupe dans le marché de l'art de l'époque, il avait groupé autour de lui une célèbre galerie.

 

Maison Laurent-Richard

 

 

Domicilié à Paris, au 2 rue Laffitte, M. Laurent-Richard possède également une magnifique demeure de campagne, de style Napoléon III datant de 1858, dans le quartier Saint-James de Neuilly-sur-Seine. Située au 19 avenue de Madrid (ancien boulevard Richard Wallace), à la porte du bois de Boulogne, cette propriété comprend un ravissant jardin bien dessiné de 11 000 m2 (à l'époque), véritable écrin de verdure au milieu duquel se dresse un magnifique hôtel particulier.

Dans ce parc planté des essences les plus rares et les plus décorative, tout dans cette propriété révèle le goût éclairé du propriétaire : orangerie, cascade, lac, serre merveilleuse où fleurissent les plantes ornementales les plus belles. Des marbres, des bronzes de Barye, une Vénus (rare épreuve des fontes du XVIIe siècle), rompent les verdures du parc de leurs silhouettes blanches ou de leurs patines chaudes.

L'intérieur de l'hôtel répond à l'extérieur, la rampe en fer forgé et poli de l'escalier est un chef d'œuvre de serrurerie. Le mobilier, provenant des ateliers de Fourdinois, est aussi artistique que confortable. Le vestibule est comme capitonné, derrière les colonnes qui l'isolent par des tapisseries, lesquelles sont légèrement plissées pour faire aux marbres occupant les angles des tons de repoussoir plus clairs ou plus profonds.

 

 

L'hôtel particulier au 19 avenue de Madrid à Neuilly, en 2008

 

C'est dans cette magnifique et élégante propriété de l'avenue de Madrid à Neuilly-sur-Seine, que M. Laurent-Richard collectionne et accumule ses chefs-d'œuvres. Il s'est créé une galerie personnelle constituée de nombreuses toiles de maîtres anciens et modernes. On peut les admirer, les visiter et même se préparer à les acheter ensuite. Garnissant trois pièces de son cabinet, les tableaux sont éclairés selon les exigences de la peinture. Souvent M. Laurent-Richard convie Jean-Martin Charcot à dîner dans sa somptueuse villa de Neuilly.

Avant de se fixer sur les écoles hollandaise, flamande et française du XVIIIe siècle, M. Laurent-Richard attachera son nom à deux collections de tableaux comprenant l'élite de l'école romantique. La première, dont il se séparera en 1873, comprend notamment quatre tableaux de Corot, six de Delacroix, douze de Jules Dupré, treize de Rousseau, et six de Troyon, mais aussi des œuvres de Diaz, de Géricault, de Meissonier et de Ziem. Peu de temps après, regrettant la perte de sa collection M. Laurent-Richard rachète certains de ses tableaux au marchand Durand-Ruel, dont le Souvenir de Marissel de Corot (aujourd'hui au Louvre), et forme sa deuxième collection qu'il revendra en 1878.

On peut juger du goût qu'il apporte à ses choix par les quelques tableaux modernes recueillis par la suite, et qui feront l'objet d'une vente en mai 1886 suite à son décès, le 22 février 1886 à l'âge de 75 ans.

 

Collection 1873   Collection 1878   Collection 1886

 

Victoire-Augustine Laurent Durvis

Fille aînée de Vincent-Claude et Charlotte-Augustine Laurent, Victoire-Augustine Laurent épouse Edmé Victor Durvis, associé commanditaire de son père,le 12 juillet 1853. De leur union naît, le 15 juin 1854, leur fille Marie Charlotte Thérèse Durvis. Le 11 octobre 1861, Edmé Victor Durvis décède, laissant sa fortune à sa femme qui vit avec sa fille au 9 rue Laffite pendant son veuvage.

 

Les Charcot à Neuilly

Victoire-Augustine est une femme agréable, très cultivée dans bien des domaines, et digne émule de son père collectionneur de tableaux. Elle visite régulièrement les expositions d'arts plastiques, lit les feuilletons dans les journaux littéraires et le courrier des spectacles. Femme énergique, Augustine-Victoire sait se montrer capable d'initiative et d'autorité.

A 29 ans, devenue l'épouse d'un savant promis à un bel avenir, Victoire-Augustine, femme influente, au caractère fort vif, attentive, intelligente et dévouée, s'efforcera toujours de faciliter le travail scientifique de son époux en lui évitant tout souci matériel et en écartant tout ce qui peut troubler son travail.

C'est la « patronne », attentive aux difficultés, aux ennuis. Pour les élèves de Jean-Martin Charcot, elle sera l'intermédiaire obligée et toujours bienveillante de toute démarche un peu délicate.

Courte et rondelette, elle possède un teint diaphane et des yeux clairs qui donnent à son visage un caractère très particulier. Un sourire malicieux l'éclaire. Sa fille aînée Marie, qui deviendra une fort jolie personne, héritera du même teint transparent et des mêmes yeux clairs comme de l'eau. Infiniment soignée et pomponnée, elle a un goût prononcée pour les robes brodées d'or et d'argent. Dans ses vêtements de "dogaresse" comme les appelle son mari, elle ne perd ni sa rondeur, ni sa simplicité

 

Elle a le goût des arts avec une prédilection pour les arts décoratifs pour lesquels, comme son mari, elle a un véritable don. Ensemble, ils exécutent toutes sortes de travaux d'art qui orneront les pièces de leurs différentes demeures. Jean-Martin donne les idées d'après ses croquis et notes de voyage ou dessine lui-même vitraux et faïences.

 

Portrait d'Augustine-Victoire Charcot

Victoire-Augustine, quant à elle, dessine, peint, repousse le cuir et le cuivre, modèle la cire ou la glaise des figurations de parents et d'amis, sculpte, non sans talent, le bois et la pierre, cuit des émaux, crée des objets dans le style néo-renaissance italien et dans celui du siècle d'or des Pays-Bas, et développe de larges clichés photographiques.

Victoire-Augustine mène avec ardeur et habilité les travaux d'art, les plus délicats et les plus ardus. Pour y réussir, elle n'hésite pas à s'en aller chez les professionnels pour perfectionner la manœuvre de l'outil, la technique et le procédé du métier. C'est ainsi qu'elle apprend à manier le tour du potier, le pinceau de l'émailleur, la pointe et le marteau de l'ouvrier sur métal, à façonner l'argile et la pâte et, dans un four construit en un coin de son hôtel, à diriger en personne la cuisson de ses pièces.

Victoire-Augustine est l'auteur de projets très ambitieux, tel un coffre en bois lourd et noir, avec une double structure, décoré de créatures fantastiques et d'arabesques de couleur présenté à l'exposition de 1892. Ses deux lourdes portes en bois s'ouvrent pour révéler une vaste surface sculptée et décorée. Sur cette surface, elle avait ciselée dix compartiments de taille égale avec des images de formes hiéroglyphiques : des oiseaux stylisés, des poissons et autres créatures. Un panneau central représente un hibou noir à visage humain, deux autres oiseaux, un noir et un blanc, semblent picorer.

 

Quelques œuvres réalisées par Augustine-Victoire Charcot

 

Après la mort de Jean-Martin Charcot, Victoire-Augustine continuera ses activités artistiques, montrant ses œuvres avec ses filles dans les expositions et les salons, figurant à côté des grands noms de l’aristocratie parmi les dames patronnesses de l’art mondain.

 

Publicité pour l'Eau de Botot

Femme, artiste, épouse et mère, Victoire-Augustine est également une femme d'affaire.

Elle hérite à la mort de son père, en 1886, de la marque et des recettes d'après lesquelles se fabriquent la véritable « Eau de Botot », l'opiat et la poudre dentifrice. La direction des affaires relatives à l'Eau de Botot est confié à Louis Prestat, gérant de l'entrepôt de "l'Eau de Botot.

Néanmoins, Victoire-Augustine veille à la protection de ses intérêts, et tout comme son père, elle prend soin de renouveler, en son nom, les dépôts de marque de fabrique au Tribunal de commerce.

Son tempérament doux et bon n'excluant pas la fermeté, elle n'hésitera pas à saisir la justice contre toutes les entreprises de contre-façons.

Le 25 novembre 1895, Victoire-Augustine obtient finalement du Tribunal civil de la Seine, la reconnaissance de la propriété complète et exclusive du nom de Botot sous quelque forme que ce soit et la condamnation des concurrents indélicats pour « Usurpation de nom, imitation frauduleuse et concurrence déloyale ».

Au XXe siècle, l’Eau de Botot rejoint la pharmacie Rogé Cavaillès, désormais connu pour sa gamme de produits d’hygiène.

 

 

Caveau familial

 

Le 14 octobre 1899, Victoire-Augustine décède à son domicile du Boulevard Saint-Germain, à l'âge de 64 ans. Après des obsèques célébrées à l'Église Sainte-Clothilde, elle sera inhumée dans le caveau familial du cimetière Montmartre.

La concession perpétuelle, de treize places, a été achetée en 1840 par M. Laurent-Richard. C'est une modeste chapelle de granit. Une porte de brosse verte la clôt, à travers les grilles de laquelle on aperçoit un autel de marbre blanc. Au fronton, en dessous de la croix de pierre qui domine le monument, cette inscription sur une plaque de marbre « Sépulture Richard-Laurent ».

 

 

L'union des familles

Les époux Charcot vers 1885

 

Le 24 mars 1864, le contrat de mariage, établi sous le régime de la communauté des biens, est signé en présence des témoins des futurs époux. Pour Victoire-Augustine Durvis sont présent : son père M. Vincent Claude Laurent ; ses grands-parents maternels, M. et Mme Jean-Baptiste Richard ; son beau-frère et sa belle sœur, M. et Mme Alfred L'Houst. Pour Jean-Martin Charcot, les témoins sont : son frère Pierre-Martin Charcot, M. Martin Joseph François Cathrien, Mme Benoît Fould et M. Adolphe Fould, son maître Pierre Rayer et son ami Alfred Vulpian.

Le contrat de communauté des biens assure à Jean-Martin Charcot une large aisance matérielle. Victoire-Augustine apporte plus de 450 000 francs. Lui-même apporte une somme de 29 000 francs et la moitié indivisée avec son frère Pierre-Martin, d’une petite maison de campagne au Tremblay.

Le 30 mars 1864, Jean-Martin Charcot, 38 ans médecin des hôpitaux, professeur agrégé, consultant de médecine générale et secretaire de la Société de biologie, chevalier de Légion d'honneur, épouse Victoire-Augustine Durvis née Laurent, à la mairie du 9e arrondissement de Paris.

M. Laurent-Richard comble son gendre, dont il apprécie la valeur et qu'il voit gravir avec succès toutes les étapes d'une grande carrière, de cadeaux de toutes sortes dont de peintures classiques contemporaines avec lequel le couple Charcot ornent les murs de leur foyer.

Sur les conseille de son mentor Pierre Rayer, Jean-Martin Charcot s'installe 13 rue Laffitte, dans le quartier des affaires et des banques.

 

 

 

 

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